08/08/2025 palestine-solidarite.fr  8min #286732

 La « décision finale » d'Israël pour la conquête et l'occupation de Gaza

Gaza : l'Onu demande un arrêt immédiat du plan israélien de prise de contrôle militaire de l'enclave

© UNICEF/Mohammed Nateel. Frappes aériennes sur la ville de Gaza.

Par ONU Info

Source :  ONU Info

Le plan du gouvernement israélien « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a déclaré vendredi, dans un communiqué, le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk.
Le projet du gouvernement israélien de prendre le contrôle militaire total de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé

Il est contraire à la décision de la  @CIJ_ICJ exigeant qu'Israël mette fin à son occupation au plus vite -  @volker_turk  t.co

- ONU Info (@ONUinfo)  August 8, 2025

Le Secrétaire général de l'ONU,  António Guterres, est, quant à lui, « profondément alarmé » par la décision du gouvernement israélien, qui marque « une dangereuse escalade », a dit une porte-parole de l'ONU, Stéphanie Tremblay, dans une déclaration à la presse.

Selon le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, « va à l'encontre de l'avis de la Cour internationale de justice ( CIJ) selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation au plus vite, de la réalisation de la solution à deux Etats convenue et du droit des Palestiniens à l'autodétermination ».

Un avis partagé par le Secrétaire général qui rappelle que la CIJ, dans son avis consultatif du 19 juillet 2024, a déclaré, notamment, que l'État d'Israël est tenu de cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation, d'évacuer tous les colons du territoire palestinien occupé et de mettre fin à sa présence illégale dans le territoire palestinien occupé aussi rapidement que possible.

Risque de davantage de déplacements

Le plan approuvé par le cabinet de sécurité israélien est destiné à «vaincre» le Hamas dans la bande de Gaza, indique un communiqué des bureaux du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

D'après ce plan, l'armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat ».

Selon la presse, cinq principes ont été adoptés pour conclure la guerre : « le désarmement du Hamas; le retour de tous les otages -vivants et morts-; la démilitarisation de la bande de Gaza; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza; l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne ».

Mais pour le Secrétaire général et le chef des droits de l'homme des Nations Unies, « de toute évidence », cette nouvelle escalade « va aboutir à davantage de déplacements forcés massifs, davantage de tueries, davantage de souffrance insupportable, de destructions insensées et de crimes d'atrocités ».

Libérer les otages

Selon Volker Türk, au lieu d'intensifier cette guerre, Tel Aviv devrait au contraire investir ses « efforts » pour sauver la vie de civils palestiniens, notamment en garantissant un accès sans entraves pour l'assistance humanitaire.

Pa ailleurs, les otages enlevés lors de l'attaque sanglante du 7 octobre 2023 par le Hamas en territoire israélien « doivent être libérés immédiatement et sans condition par les groupes armés palestiniens », a exigé le Haut-Commissaire. « Les Palestiniens détenus arbitrairement par Israël doivent également être libérés immédiatement et sans condition ».

Pour le Bureau des droits de l'homme de l'ONU, la guerre à Gaza doit cesser immédiatement. « Les Israéliens et les Palestiniens doivent pouvoir vivre côte à côte en paix », a déclaré M. Türk.

 António Guterres a également réitéré « son appel urgent en faveur d'un cessez-le-feu permanent, d'un accès humanitaire sans entrave à Gaza et de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ». « iI n'y aura pas de solution durable à ce conflit sans la fin de cette occupation illégale et la réalisation d'une solution viable à deux États. Gaza est et doit rester partie intégrante d'un État palestinien ».

UNICEF/Mohammed Nateel. Un enfant souffrant de malnutrition est allongé sur un lit
à l'hôpital Patient Society de la ville de Gaza.

Morts dues à la malnutrition

Le spectre d'un déplacement massif forcé de la population de la ville de Gaza plane sur l'enclave alors que le décès de quatre personnes supplémentaires, dont deux enfants, victimes de famine et de malnutrition, porte à 197 le nombre total de victimes de la famine, selon le ministère de la santé de la bande de Gaza.

Selon l'Organisation mondiale de la santé ( OMS), « 99 personnes sont mortes de malnutrition depuis le début de l'année, dont 29 enfants de moins de 5 ans. « Ces chiffres sont probablement sous-estimés », a dit à la presse jeudi le Directeur général de l' OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les Gazaouis « ont un accès limité aux services de base, ont été confrontés à des déplacements répétés et souffrent désormais d'un blocus des approvisionnements alimentaires », a dit Dr Tedros à l'association des correspondants de l'Organisation des Nations Unies. « La malnutrition est généralisée et les décès liés à la faim sont en augmentation », a-t-il prévenu.

« En juillet, près de 12.000 enfants de moins de 5 ans ont été identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë, soit le chiffre mensuel le plus élevé jamais enregistré », a-t-il souligné.

© UNICEF/Rawan Eleyan. Un garçon est soigné pour ses blessures
à l'hôpital Al Helou de la ville de Gaza.

Mourir en tentant de trouver de la nourriture

Par ailleurs, le chef de l'OMS a rappelé que dans la bande de Gaza, les gens meurent de faim, de maladie mais qu'ils meurent aussi alors qu'ils tentent « désespérément » de trouver de la nourriture.

Depuis le 27 mai, plus de 1.600 personnes ont été tuées et près de 12.000 blessées alors qu'elles tentaient de se procurer de la nourriture dans les sites de distribution.

Le désespoir qui règne à Gaza a entraîné un effondrement de l'ordre public, créant des conditions dangereuses dans lesquelles les opérations humanitaires sont contraintes de se dérouler.

La famine à Gaza est en grande partie due aux tentatives délibérées de remplacer le système humanitaire coordonné par l'ONU par la Fondation humanitaire de Gaza

Ce soi-disant « système d'aide » est responsable de la mort de près de 1 400 personnes affamées - le chef  @UNRWA  t.co

- ONU Info (@ONUinfo)  August 8, 2025

Dr Tedros a appelé à ce qu'une aide renforcée, soutenue et sans entrave soit autorisée à entrer à Gaza, par toutes les voies possibles. « Il faut mettre un terme aux blocages actuels et accroître les volumes d'aide afin de reconstituer les réserves essentielles », a-t-il dit avant d'insister : « Nous appelons à la protection des professionnels de santé, à la libération de tous les otages, au cessez-le-feu et à une paix durable ».

« Un permis de tuer en toute impunité »

En écho, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens ( UNRWA) a commenté un tweet de l'ONG Médecins du monde, indiquant que les distributions alimentaires organisées dans l'enclave par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), sont devenues des lieux de « meurtres orchestrés et de déshumanisation », et non plus d'aide humanitaire.

« [Ce n'est pas de l'aide. C'est un massacre orchestré] : un permis de tuer des personnes affamées en toute impunité », a commenté, sur X, Philippe Lazzarini.

Selon l'agence onusienne, ces « cruelles scènes dystopiques » sont la nouvelle norme à Gaza, où les gens ont été dévalorisés et déshumanisés.

« Depuis la création de la GHF, près de 1.400 personnes ont été tuées alors qu'elles cherchaient désespérément de la nourriture. Pendant ce temps, la famine se propage, tuant silencieusement trop d'enfants ».

Pour l'UNRWA, il est temps pour la communauté internationale de retrouver sa boussole morale et son humanité. « Levez le siège et rétablissez pleinement une réponse humanitaire sans entrave, sûre et digne, sous la coordination de l'ONU, y compris l'UNRWA », a conclu M. Lazzarini.

Source : ONU Info
 news.un.org

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